10 ans d’existence du Médibus, 50.000 personnes aidées au-delà des soins infirmiers

Au cours de la dernière décennie, l'organisation a vu ce projet devenir un point d'ancrage polyvalent pour ceux et celles qui vivent en marge de la société bruxelloise : « Le résultat de l'inégalité et de la pauvreté croissantes dans notre capitale se manifeste à chaque rencontre dans et à l’extérieur de notre bus ». La majorité des personnes que nous rencontrons n’ont pas ou difficilement accès aux soins : nous leur avons donné 6.000 consultations en 10 ans¹. Mais nous leur avons aussi apporté des réponses concrètes sur d’autres besoins essentiels.

Du kit d’hygiène et du café au rendez-vous médical

Dans le cabinet du bus, on peut recevoir des soins infirmiers, comme le nettoyage d’une plaie, un dépistage des maladies infectieuses comme le VIH ou l'hépatite C, et du matériel d'injection ou d'inhalation stérile en cas de consommation de drogues, des contraceptifs, des kits d'hygiène, d'incontinence ou de menstruation. De plus, les équipes apportent des réponses aux questions de logement, d'hébergement (pour personnes sans-abri), de vêtements ou de nourriture et proposent des orientations médicales.  
« On ne se contente pas de donner un dépliant, on prend le temps de comprendre les besoins des personnes et d’y répondre. On leur donne des plans, des tickets de transport, des lettres de référencement par exemple vers un centre de soin ou un spécialiste. Quand aucun des membres de l’équipe ne maitrise la langue de la personne –toutes les régions du monde sont représentées par nos publics-, on se débrouille avec des applications d’interprétation, mais on s’assure toujours que l’information est bien comprise.’ Lily Caldwell, responsable des équipes mobiles.

Depuis 10 ans, le Médibus se rend au cœur des zones défavorisées de Bruxelles : dans et autour des squats ou des camps de tentes, des gares, des entrées de métro ou simplement dans la rue. En 2024, le Médibus s'est rendu quatre fois par semaine dans des « hotspots » tels que la gare du Midi, la Porte de Hal, le quartier de Ribeaucourt ou encore la place Flagey. Au total, 135 permanences ont eu lieu.

Pas d'accès aux soins

Les patients et patientes du Médibus bataillent pour accéder aux soins en raison d'un manque de ressources ou d'assurance maladie. Il s'agit principalement d'hommes (93 %) avec une moyenne d'âge de 40 ans. Depuis 2020, nous constatons malheureusement aussi une augmentation des mineurs non accompagnés, appelés MENA.
Les principaux problèmes de santé sont dus à des conditions de vie difficiles et comprennent des affections cutanées (19,1 %), des problèmes musculo-squelettiques (16,1 %) et des troubles psychologiques (12,9 %). « Il s'agit de personnes dont le lien avec le système de soins traditionnel a été rompu par l'exclusion, la pauvreté, la maladie, le refus de soins ou des problèmes administratifs ou financiers. Notre consultation sur le Médibus constitue souvent un point de départ pour les orienter vers nos centres de soins et, finalement, le système de soins régulier. »

80 % sans abri ou ayant un logement précaire

Le public du Médibus, ce sont des Bruxellois.es en situation de pauvreté, des personnes sans-abri, consommatrices de drogues, travailleuses du sexe ou sans papiers.
Selon une enquête menée au Médibus en 2024, 80 % n'ont pas (ou occasionnellement) un toit sur leur tête. « Ces dernières années, ce groupe de personnes vient de plus en plus souvent vers nous pour nous demander de les aider à trouver un endroit où dormir. Or, les centres d'hébergement pour personnes sans-abri sont chroniquement saturés et il devient de plus en plus difficile de trouver une place. Cette augmentation est due à une carence d’hébergement suffisant et durable, mais aussi au gouvernement belge qui, depuis plus de 3 ans, n’accueille pas les personnes en demande de protection internationale qu’on retrouve dans la rue ou dans les centres pour personnes sans-abri. »

A Bruxelles, 1 personne sur 4 à Bruxelles vit dans la pauvreté et la capitale est l’endroit où les loyers sont les plus chers. Les 10 % des personnes aux revenus les plus bas consacrent plus de 45 % de leur salaire aux dépenses de logement. Ces personnes viennent au Médibus pour, par exemple, recevoir un kit de menstruation ou un kit d'hygiène avec du dentifrice, du savon ou des rasoirs.

Au Médibus, on rencontre aussi des personnes invisibles dans les statistiques : la Région de Bruxelles-Capitale abrite en effet une grande partie des personnes sans papiers vivant en Belgique. Elles vivent sous les radars et viennent nous voir pour une aide matérielle, médicale et sociale.
A noter que Médecins du Monde mène aussi le projet du Médibus en Wallonie : depuis 2012 à La Louvière et depuis 2017 à Charleroi et dans sa périphérie.

 
¹5.779 depuis janvier 2016 date d’introduction du DPI (Dossier Patient Informatisé) qui s’ajoutent au nombre de consultations sans DPI

Contact presse :

Muriel Gonçalves 0487 243367
m.goncalves@medecinsdumonde.be