15 ans de Médecins du Monde à Anvers : toujours aucune issue pour de nombreuses personnes sans accès aux soins

Depuis quinze ans, l’action de Médecins du Monde à Anvers comble un manque important dans le système de santé anversois. En 2023, l’organisation a réalisé 2 128 consultations auprès de 656 patient·e·s différent·e·s. Un·e patient·e sur quatre détenait la nationalité belge, tandis que 75% n’avaient pas de statut de séjour légal. «En ce qui concerne la première catégorie, il s’agit de personnes vulnérables, souvent sans-abri, qui ne trouvent plus leur place dans le système de soins conventionnel. Pour la seconde catégorie, il s’agit principalement de personnes sans papiers et, plus récemment, de demandeur·se·s de protection internationale qui ne peuvent être accueilli·e·s chez Fedasil,» explique Ellen Verryt, Coordinatrice pour la Flandre de Médecins du Monde.

La situation est préoccupante : à Anvers, entre 5 000 et 12 000 personnes vivent sans permis de séjour légal. De plus, la ville compte 3 454 personnes sans-abri. Le recensement le plus récent des sans-abri a révélé que près de la moitié des sans-abri enregistré·e·s ne sont pas des Belges, dont environ la moitié sans statut légal. 

Trois quarts n’ont aucun accès aux soins

74% de toutes les patient·e·s qui ont frappé pour la première fois à la porte de Médecins du Monde Anvers en 2023 n’avaient aucun accès aux soins. 

«Ces chiffres montrent un échantillon de la (mal)propreté souterraine d’Anvers : des personnes sans toit, sans assurance maladie ou papiers, qui restent devant des portes closes malgré leur droit aux soins. La procédure du CPAS qui doit leur fournir l’accès aux soins est très compliquée et obscure. Mais la saturation des soins de première ligne et le manque de médecins généralistes impactent également l'accès aux soins à Anvers.» Les affections les plus courantes notées par l’organisation sont l’hypertension, le diabète et les problèmes dentaires. La demande croissante de consultations prénatales en dit long sur le besoin de soins prénataux.

Centre de santé de quartier pour les personnes sans papiers ou assurance maladie

«Aujourd’hui, nous fonctionnons de facto comme un centre de santé de quartier pour les personnes sans séjour légal ou accès aux soins,» déclare Anneleen De Maeyer, Cheffe de projet du Centre d’Accueil et d’Orientation (COZO). «Cependant, l’organisation ne peut pas répondre à la demande : pour chaque patient·e qui se présente, nous devons chaque semaine orienter 3 ou 4 patient·e·s vers un autre moment de prise en charge ou vers les urgences en cas d’urgence médicale. Avec la saturation des soins de première ligne, cela indique un grand nombre de besoins de soins non couverts dans la ville. En raison de l’échec de la politique d’accueil de Fedasil, nous voyons également à Anvers de plus en plus de demandeur·se·s de protection internationale venir chez nous, ce qui met encore plus de pression sur nos opérations.»

Des initiatives comme le Projet Pratique à la Rive (PAS) de la Ville d’Anvers, qui vise à connecter les patient·e·s sans médecin généraliste fixe avec un professionnel de santé, sont un pas dans la bonne direction. Cependant, le labyrinthe administratif reste pour beaucoup de patient·e·s un obstacle insurmontable à l’accès aux soins. La nouvelle administration municipale pourrait travailler à simplifier ces procédures. Garantir l’accès aux soins est crucial non seulement pour le/la patient·e individuel·le, mais aussi pour la santé publique en général.