» Derrière chaque euro économisé sur un lit ou des soins de santé, il y a une personne fragilisée «

Médecins du Monde est active dans différents centres d’hébergement de nuit pour personnes sans-abri depuis près de 20 ans. Cet hiver, notamment, nos équipes, composées de médecins et d’agents d’accueil, fourniront des soins médicaux aux personnes sans-abri qui se trouvent dans 4 centres d'accueil à Bruxelles.  
Un médecin bénévole, Alain, 72 ans, témoigne : « Deux personnes sans-abri sur trois souffrent de problèmes de santé, et pour 40% d’entre elles, il s’agit d’une combinaison de problèmes physiques, mentaux et liés à une addiction. Ces chiffres sont particulièrement élevés ». 

Mais alors que ces personnes auraient besoin de soins particuliers et adaptés, elles n’ont souvent pas accès aux soins médicaux de base : « Plus de 80% des patients et patientes qui s’adressent à Médecins du Monde pour la première fois n’ont pas accès au système de soins régulier. Le fait qu’elles n’aient souvent pas de mutuelle, pas de carte médicale auprès d’un CPAS, les exclut du système de soins classique. Elles reportent alors les soins médicaux importants, ce qui entraine une aggravation de la situation de santé, et renforce les situations à risque. En déployant des médecins bénévoles qui se rendent dans les centres d’hébergement de nuit, Médecins du Monde fournit des soins essentiels et permet ’d’éviter le pire’, témoigne Pierre Van Heddegem, directeur des opérations belges pour Médecins du Monde. 

De plus, Médecins du Monde apporte également un accompagnement social et administratif : « Nous assurons la mise en lien de chaque patient et patiente de nos centres de soins avec un assistant social de Médecins du Monde, qui va rétablir l’accès administratif au système de soins classique. C’est notre objectif : viser à ce que chaque personne qui s’adresse à nous ait de nouveau accès aux soins de santé et n’ai, au final, plus besoin de nous », ajoute Pierre Van Heddegem. 

Faire des économies sur le dos des plus précaires

Médecins du Monde s'inquiète fortement pour les personnes sans-abri qui devront dormir dehors cet hiver. « Les personnes que nous rencontrons dans les centre d’hébergement sont en partie préservées puisqu’elles ne doivent pas dormir dehors. Mais il y a de plus en plus de personnes qui se trouvent devant des portes fermées », ajoute Pierre Van Heddegem.

Plus de personnes sans-abri, et moins d’accueil

Le nombre de personnes sans-abri vivant en Belgique n'a fait qu'augmenter ces dernières années. À Bruxelles par exemple, le nombre a presque triplé en 8 ans, passant d'environ 3 500 personnes en 2016 à près de 10 000 en 2024. 

De plus, dans des villes comme à Anvers, les chiffres du sans-abrisme montent en flèche. La conséquence: dans de nombreuses villes, les centres pour sans-abri sont systématiquement saturés et les sans-abri restent devant des portes closes. 
A cela s'ajoute également une politique d'accueil défaillante pour les personnes réfugiées: depuis des années, le gouvernement fédéral laisse à la rue des hommes seuls à défaut d'investir dans plus de places d'accueil. 
"Au lieu de mettre fin à cette crise humanitaire, créée par le gouvernement, il prévoit de réduire encore davantage le nombre de places d'accueil dans les années à venir. Et ceci, malgré que des milliers de personnes demandeuses de protection internationale doivent déjà survivre en rue en attendant d'obtenir une place dans un centre Fedasil", déclare Pierre Van Heddegem.

Ces choix politiques ont un impact considérable au niveau de la santé : « Dormir sous un porche, dans un squat ou dans une station de métro est une atteinte à la santé physique et mentale. Il est aussi beaucoup plus difficile d'accéder aux soins : comment se faire soigner quand on dort à la gare du midi ? », complète Pierre Van Heddegem.

Afin d'apporter une aide aux personnes démunies, Médecins du Monde mobilise son 'Medibus', bus médical, qui se rend à Bruxelles, Charleroi et La Louvière. « Dans nos Médibus, nous fournissons des soins paramédicaux aux plus vulnérables et référons les personnes plus sévèrement malades vers nos centres de soins permanents. D'autres bénévoles vont à la rencontre de personnes affaiblies en rue ou dans les gares. En hiver, nous distribuons également des couvertures, des gants et des écharpes, nous offrons des boissons chaudes et assurons une écoute active », explique Pierre Van Heddegem. 

Un choix politique qui laisse délibérément les sans-abri dans le froid

Médecins du Monde continue d’interpeler les cabinets ministériels et responsables politiques : « Ne serait-ce que pour les confronter à l'impact concret d'une politique qui laisse délibérément les gens dans le froid. Derrière chaque euro économisé sur un lit, ou des soins de santé, il y a une personne fragilisée. Cela semble parfois être oublié. Nous sommes là pour le leur rappeler », conclut Pierre Van Heddegem.

En Belgique, Médecins du Monde apporte une aide médicale et psychosociale aux plus vulnérables dans 8 villes via des centres et antennes de soins, le bus médical (le médibus), et des équipes mobiles qui vont à la rencontre des patients et patientes. L’organisation apporte un soutien à tous et à toutes, et notamment aux personnes vivant dans la précarité, personnes sans papier,  sans-abri, usagères de drogues et travailleuses du sexe. 
Médecins du Monde fait également partie du réseau international Médecins du Monde, qui intervient dans une septantaine de pays dans le monde.