"Mon focus, ce sont les patient.es"
Alexandra De Coster, assistante sociale depuis 7 ans sur les projets bruxellois de Médecins du Monde, au CASO (Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation).
Nous, les assistantes sociales, nous sommes la personne de référence pour ces patient.es tout au long de leur parcours au sein du CASO. Ils ont notre numéro de contact pour toute question relative à leur situation médico-sociale. Notre objectif principal est d’accompagner les personnes dans l’ouverture de leurs droits à un accès aux soins. En Belgique, l’accès aux soins dépend principalement de la situation de séjour des personnes ainsi que de leurs lieux de résidence.
Je travaille au CASO où on suit en moyenne entre 70 et 100 patient.e.s par assistante sociale et où on leur propose un suivi psycho-médicosocial. Ces personnes nous sont envoyées par d’autres projets comme le Hub humanitaire ou encore le Centre Athéna, un centre de dépannage de médecine générale qui ne fait que des soins de 1e ligne. Il n’y a que le CASO qui propose un suivi sur le long terme pour ces personnes sans accès aux soins.
Ici au CASO, on peut par exemple faire des examens médicaux comme des analyses de sang et il peut y avoir une prise en charge de certains examens complémentaires par exemples une radio ou une échographie. Si un.e patient.e a une maladie chronique, comme le diabète, de l’épilepsie ou encore une hypertension, il ou elle pourra être suivi.e chez nous.
Par ailleurs, nous avons établi des conventions avec des hôpitaux comme St Jean pour des examens et la Polyclinique Baron Lambert pour y pratiquer des consultations avec des spécialistes volontaires. Et bien sûr en cas d’urgence médicale, on envoie la personne aux urgences.
Dans ce métier, il faut veiller à ne pas perdre son humanité et à ne pas devenir des robots quand la charge mentale est trop lourde
Mon focus, ce sont les patient.es
Au CASO, nous mettons à disposition des consultations de santé mentale avec deux psychologues et deux psychiatres volontaires. Les référencements sont très compliqués car le réseau est complètement saturé, or certains patients et patientes ont absolument besoin d’un suivi comme par exemple, les personnes souffrant de pathologies psychiatriques ou ayant tendances suicidaires. Sans un suivi rapproché et traitement médical, on risque une aggravation de leur état, une tentative de suicide ou une hospitalisation donc les conséquences peuvent être très graves.
Le premier obstacle à l’accès aux soins, c’est l’adresse de la personne
L’adresse est nécessaire pour entamer les démarches ouvrant à l’accès aux soins. Or, beaucoup de nos patient.es vivent en rue ou dans des hébergements temporaires.
L’AMU (aide médicale urgente qui est aussi préventive) s’adresse aux personnes sans statut de séjour en Belgique et est nécessaire pour avoir accès à des soins. Ce document est donné par les CPAS, dont certains exigent une adresse prouvant que la personne est bien sur leur territoire. Les CPAS ont en principe 30 jours pour la statuer mais dans les faits, cela prend parfois jusqu’à 6 ou 7 mois.
Or, les personnes doivent être soignées et certaines risquent la mort si elles n’ont pas accès aux médicaments, comme l’insuline pour les personnes diabétiques. Si on pressent qu’une personne serait atteinte d’un cancer par exemple, il faut rapidement faire une prise de sang et d’autres investigations médicales ; nous sommes les seuls à prendre en charge au CASO lorsque l’accès aux soins n’a pas encore été ‘ouvert’.
Du point de vue de l’accès aux soins, la période du COVID était en réalité idéale car tout a été mis en œuvre afin que notre public ait accès à un hébergement, ce qui a facilité l’accès aux soins. Le manque d’hébergement post-covid a malheureusement engendré une perte de leur accès aux soins.
Ne pas perdre son humanité
Je suis parfois très affectée par les situations, comme celle de cet homme d’Europe de l’Est qui était en fin de vie souffrant d’une maladie incurable et hospitalisée. Je me suis chargée personnellement d’aller récupérer ses affaires au centre d’hébergement où il logeait et de contacter sa famille. Son frère et sa sœur ont pu venir en Belgique et partager ses derniers instants.
Etant donné la situation des personnes sans papiers et la non-régularisation de celle-ci, il est très difficile mentalement de voir que ces personnes n’auront probablement pas de perspectives d’avenirs positives. J’ai travaillé précédemment dans le secteur de la prostitution, donc, j’ai appris à prendre du recul par rapport aux patient.es et puis j’ai une vie personnelle bien remplie, ce qui m’aide aussi.
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Photos © Olivier Papegnies

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