"On est des couteaux suisses, on cherche chaque fois une solution adaptée"
Martin Goffaux, assistant social pour Médecins du Monde depuis 10 mois.
Les assistant.es sociaux.ales sont des couteaux suisses, on analyse chaque demande individuellement, on ne traite pas les dossiers par catégories. Nous restons en contact avec les patients et patientes et nous cherchons chaque fois des solutions adaptées. Depuis 10 mois, j’ai presque toujours trouvé une solution au bout d’un moment.
Ici au Hub humanitaire, il y a une demande très importante liée aux besoins psycho-médico-sociaux. On accueille surtout les personnes en situation de migration et demandeur.euses de protection internationale (non prises en charge par Fedasil). Ces personnes y ont accès gratuitement à différents services.
Pour répondre à toutes les demandes, nous avons une équipe qui se complète pour chaque permanence : il y a 2 infirmières sociales, 2 psychologues et 3 assistant.es sociaux.ales, dont je fais partie. Nous avons aussi des collègues volontaires qui se relayent : médecins, infirmier.ères ainsi que des sages-femmes. A cette équipe, s'ajoutent la Responsable des opérations et la Référente santé.
Quand on travaille au Hub humanitaire, on se rend compte que l’accès aux soins n’est pas la même chose en théorie et en pratique
Moi, je suis spécialisé dans l’accès aux soins avec un focus sur la réduction des risques. Par exemple, ce matin encore j’ai pu orienter un patient ayant une assuétude aux médicaments vers Transit, une organisation spécialisée, qui fonctionne comme un centre de crise. Et si je suis confronté à une demande d’IVG, je demanderai conseil à ma collègue assistante sociale Héléna qui est spécialisée dans les Santé et Droits Sexuels et Reproductifs.
Ouvrir l’accès à la deuxième ligne
Quand on travaille au Hub humanitaire, on se rend compte que l’accès aux soins n’est pas la même chose en théorie et en pratique. Les demandeur.euses de protection internationale (qui ne sont pas pris en charge par Fedasil) et qui représentent une partie importante du public du hub ont par exemple difficilement accès aux soins de 2e ligne, comme un rendez-vous chez un médecin spécialiste, une intervention médicale ou une prise en charge nécessitant un suivi.
Le public du Hub humanitaire a beaucoup de soucis de santé physique mais aussi mentale qui sont dus notamment à la politique de non -accueil. Ils et elles sont forcé.es de vivre dans des conditions très difficiles et font face aux réalités du sans-abrisme. Trouver un hébergement, c’est la demande la plus fréquente des personnes.
Cela signifie aussi des difficultés de suivi médical. Par exemple, un.e patient.e qui a un diabète chronique et qui n’est pas hébergé par Fedasil, sera référé à St Pierre pour le suivi de sa maladie mais aura besoin d’un réquisitoire (document délivré par Fedasil et parfois obtenu dans des délais trop longs) pour être pris en charge. Lorsque la personne est hébergée, le suivi du dossier est beaucoup plus facile à faire et l’accès à la deuxième ligne de soins, facilitée.
Santé mentale
Nous avons beaucoup de problèmes pour répondre aux besoins en santé mentale, nous avons 2 psychologues qui ne peuvent donnent que 3 ou 4 consultations de 1e ligne. Mais souvent, nos collègues donnent aussi jusqu’à 3 consultations de suivi car les délais sont très longs pour leur obtenir des consultations à l’extérieur. Alors que parfois l’urgence nécessite une prise en charge immédiate.
Les partenaires multidisciplinaires du Hub - SOS Jeunes, la Croix-Rouge de Belgique et la Plateforme citoyenne de soutien aux Réfugiés BelRefugees- nous envoient aussi des personnes. En hiver, c’est parfois plus compliqué : il arrive qu’on reçoive 40 demandes de consultation médicale mais qu’on ne dispose que de 20 tickets médicaux. On doit donc refuser 20 personnes. Avant-hier encore on a dû refuser une personne chez qui il y avait une suspicion d’ulcère mais qui a pu heureusement être envoyée aux urgences.
Dans le contexte actuel de politique de non-accueil, un endroit comme le Hub humanitaire est hyper-important. Même si on ne doit pas oublier qu’on est des pansements sur une jambe de bois (sourire), il y a souvent des petites victoires. Par exemple, quand on trouve une place dans un centre d’hébergement, qu’on organise des soins corrects chez un médecin spécialiste chez qui on a obtenu un rendez-vous. Même si on sait que ce n’est pas suffisant, on reste hyper-motivé.es !
Autres témoignages
Photos © Olivier Papegnies

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