"On ne doit pas avoir peur des barrières à l’accès aux soins"

Helena Castelo Kiala, assistante-sociale pour Médecins du Monde depuis 2022.

Au Hub humanitaire, nous rencontrons majoritairement des personnes en séjour irrégulier ou demandeuses de protection internationale qui ne sont pas intégrées dans le réseau Fedasil.

Notre rôle principal est de les aider à avoir accès à des soins physique et psychologique via des démarches administratives.

L’une des premières barrières qui se dresse dans leur accès aux soins est la barrière linguistique. Il y a des personnes qui viennent d’Erythrée, d’Afghanistan, de Palestine, … et qui parlent Tigrinya , Amharique , Pashto ou Arabe. Ici au Hub, nous avons des interprètes, mais quand les personnes se rendent à des rendez-vous médicaux, elles ne sont pas toujours reçues, soignées. Ou alors, elles n’arrivent pas à se soigner correctement par la suite car elles ne comprennent pas ce qu’on leur dit, ont du mal à saisir les consignes et rencontrent des difficultés de communication avec le personnel.

Il y a aussi une barrière géographique : certaines personnes se perdent dans le réseau de transports en commun, elles arrivent en retard et ne sont pas reçues. On leur demande de prendre beaucoup d’avance, on leur donne un plan où on voit le bâtiment, parfois on leur montre le chemin à prendre sur Street view. 

Malgré ce contexte difficile, des choses fonctionnent. Des personnes sont soignées, intégrées et réconciliées avec le système de soins : nous voyons des sourires renaitre et l’espoir revenir

Quand un rendez-vous est manqué, il faut recommencer tout le processus. Dans un contexte où l’accès à la carte médicale peut être complexe et où il faut parfois attendre des mois avant d’obtenir une aide médicale, rater un rendez-vous peut avoir un impact majeur sur la santé, déjà marquée par des conditions de vie précaires. De plus, les délais pour voir un spécialiste sont souvent très longs. Le.la patient.e en arrive parfois à être découragé.e. et même à renoncer aux soins.

Quand les personnes reviennent vers nous (suite à un rendez-vous manqué par exemple), je sollicite à nouveau l’interprète et quand il n’est pas disponible, j’utilise google traduction ou on téléphone à un service d’interprétation et de traduction. 

En cas de rendez-vous manqué, nous prenons le temps de comprendre ce qui s’est passé et de trouver des solutions adaptées pour éviter que cela ne se reproduise. Parfois, la personne n’a pas pu identifier l’arrêt de bus, a eu du mal à écrire l’adresse sur son téléphone (alphabet différent), s’est perdue sur le site hospitalier, a perdu sa lettre d’orientation ou son réquisitoire, ou ne les a tout simplement pas montrés. Par ailleurs, on explique aussi au médecin ou à la secrétaire les problèmes administratifs ou d’orientation des personnes, on essaye de faire comprendre leur réalité et on refixe un rendez-vous. 

L’accès aux soins est parfois une question de hasard

Une autre barrière est d’ordre institutionnel. Il arrive que le réquisitoire par Fedasil arrive trop tard, voire le jour même du rendez-vous. Cela ne laisse pas de temps de le réceptionner ou le.la patient.e n’a pas de connexion, ce qui peut l’empêcher d’être reçu.e. 

C’est parfois l’appréciation personnelle qui joue car le personnel des institutions n’est pas toujours formé ou sensibilisé à ces réalités. Par exemple, si le.la patient.e n’a pas son réquisitoire (donnant accès à sa consultation), certaines secrétaires appelleront l’assistante sociale pour résoudre le problème. Dans le même hôpital, d’autres ne prendront pas cette initiative, ce qui annulera la consultation. Tout dépend de la personne que l’on a en face de soi : parfois l’accès aux soins est une question de hasard.

Situation alarmante autour de la santé mentale

Les personnes ont du mal à être prises en charge en raison de la saturation du réseau en santé mentale. Cela crée des tensions et aggrave la détresse psychologique. La situation est alarmante. 

Malgré ce contexte difficile, des choses fonctionnent. Des personnes sont soignées, intégrées et réconciliées avec le système de soins : nous voyons des sourires renaitre et l’espoir revenir. Le combat que nous menons et notre engagement sont réels, on ne doit pas avoir peur des barrières à l’accès aux soins mais plutôt les surmonter ensemble. Et poursuivre notre plaidoyer pour un accès universel aux soins.

 

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Photos © Olivier Papegnies

Doctorat Honoris Causa UCL

 


 

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