'Soutenir des personnes migrantes au Sahel, au Maroc et aussi à leur arrivée en Belgique, c’est un devoir moral'

Federico, quelques mots sur ton histoire et ton parcours ?

Je suis Italien, originaire de la Vénétie. A la base, j’ai fait des études d’ingénieur informatique. J’ai très vite travaillé dans les secteurs de l’aide humanitaire et de la coopération au développement, et j’ai passé près de 20 ans dans des pays tels que le Liban, la Syrie, l’Irak, la RdC, l’Ethiopie, la Jordanie et la Palestine. J’ai travaillé pour des ONG comme Médecins Sans Frontières, Handicap International et Médecins du Monde. J’ai été habitué à travailler pour des organisations médicales, dans des zones de conflit, et à apporter une aide aux personnes réfugiées. Aujourd’hui, je suis de retour en Europe pour la première fois depuis 18 ans. Au niveau personnel, je suis marié, père de deux enfants, j’aime beaucoup les langues (j’apprends en ce moment le néerlandais) et découvrir Bruxelles à pied.

Pourquoi Médecins du Monde ?

J’avais déjà travaillé pour Médecins du Monde il y a quelques années. Je suis sensible à son activisme, au fait que l’organisation apporte une aide aux personnes qui vivent dans des situations de précarité, mais cherche aussi à leur donner une voix. Médecins du Monde vise un changement social, à ce que les soins de santé soient accessibles à tous et à toutes. C’est un combat qui me parle. Enfin, l’organisation soutient des personnes durant leur parcours migratoire au Sahel, au Maroc, en Tunisie et à leur arrivée ici, en Belgique. Dans un monde de plus en plus connecté et interdépendant, c’est un devoir moral. 

Un projet qui t’intéresse particulièrement ?

J’ai été volontaire pour le Médibus à la gare du midi. J’ai été frappé par la diversité des profils et parcours de vie des personnes rencontrées ce soir-là : on a rencontré des personnes migrantes d’Afrique du Nord qui avaient passé la nuit dehors, des personnes belges sorties de prison, des patients atteints de maladies chroniques, des personnes souffrant de solitude désireuses de contacts. Ce qui revenait beaucoup, c’est que ces personnes avaient avant tout besoin d’un contact chaleureux, d’une rencontre, d’un échange. J’ai trouvé ça très émouvant. C’est peut-être par là que ça commence, le soin à l’autre ? 

Que penses-tu pouvoir apporter à l’organisation ?

Le fait d’avoir travaillé presque 20 ans sur le ‘terrain’, dans des contextes humanitaires très tendus, me permet de connaitre et de comprendre la réalité quotidienne des nos équipes locales. Je pense que quand on gère une organisation internationale et humanitaire, c’est essentiel d’être connecté à ce qui se vit réellement sur place. 

Quels combats te touchent particulièrement ?

J’étais encore à Gaza cette année et au Moyen Orient jusqu’en septembre. Je suis horrifié par la situation en Palestine et au Liban, par les violations du droit international humanitaire, par les milliers de morts et les millions de déplacés. 
Je suis aussi fortement touché par la déstructuration des systèmes de santé, le taux de violence, et l’insécurité grandissante au Mali, Niger et en RdC, suite à la présence de  multiples groupes rebelles, l’enlisement des conflits, et le déplacement de millions de personnes.
Enfin, en Belgique, je suis alarmé par le manque de places dans les centres d’hébergement d’urgence, et par le manque de soins de santé pour tous et toutes, aux portes de l’hiver.