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Belgique
Personnes en marge de la société

Les invisibilisé.e.s et le COVID-19 : Parler de syndémie plutôt que de pandémie

La vie des personnes n’a pas été seulement mise en danger pour des raisons sanitaires, lors de la crise de COVID-19. La mise en œuvre de politiques de réponse à l’épidémie a aussi généré des problèmes de santé, de santé mentale et d’ordre socioéconomique en cascade.

 

Une étude de l’ULB, financée par la ville de Bruxelles et son CPAS, appréhende ainsi la crise de Covid-19 comme une syndémie plutôt qu’une pandémie. Une syndémie étant définie comme un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques, sociaux et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population donnée.

Limitée dans l’espace (les réalités dont on parle ont lieu à Bruxelles) et dans le temps (entre janvier et juin 2021), l’étude tire sa richesse de la valorisation des acteurs et actrices de terrain, qui racontent les expériences des publics précarisés. (Au total, 110 personnes ont été interrogées et quelque 130 récits ont été recueillis.) Les équipes de Médecins du Monde y ont contribué.

Les 6 groupes sociaux sont les suivants : les personnes sans-abri (1) ; les exilé.e.s et les personnes sans statut régulier de séjour (2) ; les jeunes en situation de marginalisation (3) ; les familles monoparentales (4) ; les usager.ère.s de drogues (5) ; les travailleur.euse.s du sexe (6). Chacun des 6 rapports contient une partie analyse ainsi qu'un recueil de récits. 

Extraits de récits d’acteurs et actrices de terrain :

Ahmed est arrivé seul, sans ses parents restés en Espagne. Il a commencé à habiter chez sa tante où il dormait dans le salon. Sa situation était un peu difficile. Inscrit en classe de primo-arrivants, il a été accueilli par une équipe d’enseignants. Il vivait très mal la séparation avec ses parents. Puis il a commencé à se sentir mieux mais la crise sanitaire a eu un impact très négatif sur sa situation. Il s’est retrouvé seul, confiné avec sa tante. Il a perdu le contact en quelques mois avec les élèves de la classe. Le Covid a contribué à le refaire tomber dans une situation très compliquée. Pas d’internet. Pas d’ordinateur, à part un téléphone. Il a commencé à fumer, pas que la cigarette. Il a commencé à décrocher totalement. Puis on n’a plus eu de ses nouvelles. On ne sait pas où il est.

Madame X, âgée de 38 ans, mère célibataire, a 5 enfants (12 ans, 10 ans, 9 ans 7 ans et 3 ans). L’intéressée est connue par notre centre depuis 2010. Elle habite un appartement dont le loyer est de 1247,66 euros. À part le loyer, il y a toutes les autres charges (mutuelle, télévision, internet, etc.). Madame perçoit un revenu de 1330,74 euros et des allocations familiales qui s’élèvent à 1352 euros. Avant le confinement, elle avait un endettement de 14.000 euros. La crise COVID n’a fait qu’augmenter sa précarité : enfermée avec 5 enfants dans l’appartement, elle s’est ruée sur l’achat de nourriture, pour compenser. Donc, elle n’a pas payé son loyer pendant le confinement. Elle était très fragile au niveau santé mentale. C’était très difficile d’occuper 5 enfants. Il y avait aussi une fracture numérique. Elle n’avait pas à sa disposition des ordis pour pouvoir garder un lien avec l’extérieur. Elle ne pouvait pas faire des activités à l’extérieur avec les enfants pendant le confinement…Suite au confinement, cette dernière a perdu la notion du temps et de la gestion budgétaire. La solitude est incroyable, elle tue les personnes à petit feu. La santé mentale a été fortement touchée par la crise COVID, au-delà de l’aspect budgétaire.

Je me dis : une femme victime de violence en confinement, non seulement elle est enfermée institutionnellement, elle a la charge des enfants, du ménage, de tout le reste, encore plus qu'avant, puisque tout le monde est là et elle a son mec à la maison qui va même plus voir le foot au café. Donc comment on fait pour appeler ?

Les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie a visé indistinctement toutes les populations, sans tenir compte des inégalités sociales et de santé. Ce qui a provoqué une crise sociale (syndémie). Celle-ci a touché de plein fouet les populations précarisées. L’étude propose donc une série de pistes d’actions et de recommandations politiques spécifiques à chaque groupe analysé, mais aussi communes telles que : l’accès inconditionnel aux soins de santé, l’effectivité du droit au logement ou la lutte contre le non-recours aux droits…

 


 

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