Médecins du Monde exprime de sérieuses préoccupations depuis le Royaume-Uni concernant la loi UK-Rwanda

La nouvelle loi s'inspire fortement de la politique extraterritoriale et de détention de l'Australie. Des recherches internationales montrent que de telles politiques d'externalisation ont des conséquences physiques et mentales désastreuses pour les personnes transférées.

Population vulnérable 

Les dépistages médicaux au Royaume-Uni des personnes considérées « aptes » à être expulsées ont révélé des constatations préoccupantes. En 2022, par exemple, le département « Justice Médicale » a examiné 36 personnes sur le point d'être expulsées vers le Rwanda. Il est apparu que 26 d'entre elles présentaient des indications médicales de torture. Parmi elles, 15 présentaient des symptômes de stress post-traumatique (SSPT) et 11 avaient eu des pensées suicidaires pendant leur détention.

Pensées suicidaires et détérioration de la santé

Les évaluations cliniques réalisées sur des personnes originaires, entre autres, d'Iran, d'Irak, du Soudan et de Syrie ont révélé que la menace d'expulsion vers le Rwanda aggravait davantage leur santé mentale. Cela a entraîné des sentiments de peur, de confusion et d'incertitude quant à leur sécurité, ainsi que la perte d'espoir. Certain.es patient.es présentaient également un risque accru de suicide et d'automutilation. D'autres organisations soutenant les demandeurs et demandeuses d'asile signalent plusieurs tentatives de suicide documentées chez les personnes menacées d'expulsion vers le Rwanda.

Manque de capacités de santé au Rwanda 

La loi UK-Rwanda risque en outre de se traduire par un manque de soins de santé appropriés et en temps opportun pour les personnes demandeuses d'asile expulsées. En effet, selon les données de l'OMS, il existe une grave pénurie de professionnel.les de la santé qualifié.es au Rwanda et spécialisé.es dans la gestion de problèmes médicaux et psychologiques complexes de ce type.

À nouveau entre les mains des passeurs 

De plus, il existe le risque que les personnes migrantes expulsées se retrouvent à nouveau sur des routes migratoires dangereuses. Le HCR et d'autres experts soulignent que les personnes expulsées vers le Rwanda pourraient se retrouver sur des routes migratoires via la traite des êtres humains. L'une des principales routes migratoires en provenance d'Afrique de l'Est passe par le désert du Sahara, la Libye, la mer Méditerranée, puis vers les pays européens du nord. Tout au long de cette route notoirement dangereuse, les personnes migrantes sont confrontées à de nombreux risques pour leur santé, leur sécurité et leur bien-être.

Appel à l'action 

La British Medical Association (BMA), les collèges royaux de médecine, la Faculté de santé publique, MSF UK, Médecins du Monde UK et d'autres organisations médicales considèrent cette politique comme indéfendable sur des bases médicales, éthiques et humanitaires, et exhortent le gouvernement britannique à y mettre un terme immédiatement.

© Kristof Vadino