Magdalena Simeonova

Bulgarie

Elle s’appelle Magdalena, a grandi dans le ghetto de Nadezhda en Bulgarie et s’est mariée à 14 ans.

Je m’appelle Magdalena Simeonova.

J’ai 28 ans et deux enfants de 5 et 9 ans.

Je suis née et ai grandi à Nadezhda. On a déménagé l’année dernière. On a quitté le ghetto pour s’installer à Sini Kamani.

Je me suis mariée à 14 ans. Maintenant, je suis contre les mariages précoces. Vraiment contre.

Mais je suis née à Nadezhda et j’ai grandi dans cet environnement. Mes parents étaient très aimants et voulaient vraiment que je poursuive mes études. J’étais très bonne à l’école. Mais j’étais sous l’influence de cette communauté.

J’ai rencontré mon futur époux et je voulais me marier. Mes parents étaient totalement contre. Mais j’ai insisté. Ils ont fini par céder. On s’est mariés. Mon mari avait 18 ans, j’en avais 14.

La tradition l’impose mais les gens trouvent ça normal ici. Ils ne voient pas où est le problème. C’est normal. C’est comme ça que les choses se passent.

Une fois mariée, tu dois te consacrer toute entière à ta famille et tes enfants. Tu dois donc quitter l’école. Ton mari et ta belle-famille n’attendent pas. Ils veulent des enfants. C’est comme ça.

Médecins du Monde proposait une formation à la planification familiale et une sensibilisation sur les infections sexuellement transmissibles pour les femmes. J’ai suivi la formation pendant 4 semaines.  

C’est là que j’ai rencontré Fanya Rameva, une sage-femme et formatrice. Et j’ai compris. J’ai su que je voulais reprendre mes études.

À l’époque, mon beau-père qui avait 47 ans, avait repris un cursus secondaire. Puis, mon mari en a fait de même.

Moi aussi, je voulais secrètement reprendre les cours mais j’avais peur d’en parler parce que je suis une femme et les femmes n’ont pas le droit d’étudier ici.

Mon mari savait que j’en rêvais. Un jour il m’a fait la surprise et m’a inscrite aux cours du soir. Au début, tout le monde était contre. On a eu des ennuis parce que je voulais reprendre mes études.

Mais on n’a jamais abandonné. J’ai fini le secondaire et me suis inscrite à l’Université de Varna. J’ai été acceptée avec 5,25 de moyenne générale (sur 6), et me suis spécialisée pour devenir sage-femme. Je suis en 4e année à présent et suis interne. Une fois mon internat fini, j’aurais mon diplôme.

Mes garçons ont 5 et 9 ans. Je ferai tout pour qu’ils échappent à ça. C’est pour cette raison qu’on a quitté le ghetto. Je ne veux pas qu’ils vivent sous cette influence. Mon mari et moi faisons notre possible pour leur offrir une éducation et qu’ils deviennent des membres actifs de la société.

J’ai de la chance, parce que j’étais la première femme de Nadezhda à pouvoir étudier et faire ce que j’ai fait. Je suis convaincue qu’il y en aura beaucoup d’autres après moi.

C’est pour ça que je travaille dans un centre pour mères dans le ghetto. On les motive, on les aide à construire leur projet, on parle de leurs rêves, et surtout on fait notre possible pour qu’elles n’abandonnent pas leurs études. Je suis convaincue que de plus en plus de femmes vont continuer leurs études et trouver leur place dans la société.  

 


 

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