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COVID-19: Déclaration du réseau international de Médecins du Monde

Les pandémies ne connaissent pas de frontières

Contexte

Les temps sont difficiles pour tous à l’échelle planétaire. L’épidémie de COVID-19 est devenue une source de préoccupation profonde pour la plupart d’entre nous, et pour certains même, une question de vie ou de mort. Mais elle représente aussi un défi unique de faire respecter le droit à la santé pour toutes et tous, c’est-à-dire une occasion pour les systèmes de santé publique de garantir un accès équitable à la santé, de remettre en cause la gouvernance nationale et mondiale de la santé ainsi que la finalité de la coopération internationale avec les pays du Sud. De manière générale, cette crise compromet les politiques de santé au niveau mondial.

D’importantes interrogations surgissent depuis que la pandémie a été officiellement déclarée : dans quelle mesure les systèmes de santé nationaux sont-ils prêts à faire face à une crise d’une telle ampleur ? Comment les États, par le biais de leurs systèmes de santé publique, peuvent-ils garantir le respect du droit à la santé pour toutes et tous, la non-discrimination, l’accès équitable et abordable à la santé sans que personne ne soit laissé pour compte, la disponibilité de fonds réguliers et suffisants permettant de couvrir les dépenses liées au ravitaillement, aux installations, au personnel de santé formé, aux systèmes d’information efficaces, à des prestations de services adéquates, à l’accès aux médicaments essentiels et à la gouvernance démocratique... des fonds pour contrer la pandémie ? Que va-t-il se passer avec les systèmes de santé des pays du Sud déjà affaiblis ?

La destruction des services publics de l’État providence (par la privatisation, la commercialisation, le sous-financement et la régionalisation) a entraîné la dégradation des systèmes de santé publique dans le monde entier. Les faiblesses auxquelles les systèmes de santé sont actuellement confrontés reflètent les difficultés et les défis auxquels ils doivent faire face pour lutter contre la pandémie et pour garantir un accès et un traitement équitables pour toutes les personnes. Les mesures de confinement imposées à une grande partie de la population ainsi que la déclaration de l’état d’urgence ou de l’état d’alerte dans de nombreux pays ne sont que le résultat du manque de ressources et de capacités des centres de soins et des hôpitaux pour traiter un si grand nombre de personnes infectées.

Une attention particulière doit être accordée à la discrimination dont font l’objet les femmes et les filles en matière d’accès aux services de santé et aux traitements, en particulier dans les pays les plus pauvres. Les normes sociales, culturelles et de genre, ainsi que les inégalités dans les rôles et les relations, ont une influence quant à la vulnérabilité des femmes et des hommes à l’infection, à l’exposition et à l’accès aux traitements.

En outre, parmi les populations les plus fragiles, la communauté rom, les détenus, les sans-abris, les consommateurs de drogue, les réfugiés et les migrants sont traditionnellement exclus des systèmes de santé publique nationaux en raison de leur statut social, culturel ou juridique et sont donc les plus vulnérables lors des crises sanitaires. C’est particulièrement le cas des migrants plus âgés dont la procédure de regroupement familial est en cours et qui, en dépit de la légalité de leur statut, se voient refuser l’accès aux services de santé publique. Les sans-abris accèdent moins facilement aux centres de santé et ne sont pris en charge par les services d’urgence que lorsque leur situation est devenue trop grave pour être ignorée. Ils souffrent déjà, en temps normal, d’une forte stigmatisation, alors quand les services de santé sont débordés, ils sont victimes de rejet – rejet qui entraîne un accès encore plus difficile aux soins et une plus grande probabilité de transmission. Enfin, les sans-abris peuvent rencontrer des difficultés supplémentaires pour suivre les recommandations en matière de prévention, comme le fait de se laver les mains.

En matière de lutte contre le COVID-19, la difficulté est encore plus grande lorsque les systèmes de santé publique sont faibles ou désorganisés en raison de conflits déjà présents et du chaos en résultant. Dans les zones touchées par un conflit, la pandémie peut avoir des conséquences désastreuses, ajoutant une crise à la crise. Les réfugiés et les populations déplacées, affaiblis par des mois, voire des années, de violence ou de manque de services de santé et vivant dans des endroits surpeuplés, sont particulièrement exposés. Dans un contexte de crise humanitaire, cette pandémie a un impact énorme sur l’accessibilité des ravitaillements et du personnel.

La pandémie de COVID-19 nous enseigne que les systèmes de santé publique solides sont capables de résister à des menaces massives pour la santé par des mesures collectives appropriées. De même, elle montre l’importance d’avoir un véritable système de santé universel – garantissant le droit à la santé et l’accès aux soins pour tous, indépendamment de la localisation ou la situation administrative ou juridique –, qui apparaît comme la stratégie la plus efficace pour faire face à ces crises sanitaires.

En matière de lutte contre le COVID-19, la difficulté est encore plus grande lorsque les systèmes de santé publique sont faibles ou désorganisés en raison de conflits déjà présents et du chaos en résultant. Dans les zones touchées par un conflit, la pandémie peut avoir des conséquences désastreuses, ajoutant une crise à la crise.

Médecins du Monde – Recommandations

Nous demandons aux décideurs politiques en matière de santé et de développement, tant au niveau local, national, régional et international, de prendre en considération les recommandations suivantes :

  • À long terme, il est préconisé d’assurer les dépenses publiques de santé et d’augmenter l’investissement dans les soins de santé publics plutôt que privés. La garantie des dépenses et des investissements publics en matière de soins permettra à nos systèmes de santé et à notre personnel de répondre aux besoins de toutes et de tous grâce à des systèmes de santé publique universels solides, à l’abri des intérêts privés et de la recherche de profits.
  • Chaque pays devrait se conformer à la recommandation de l’OMS d’« [...] allouer ou réaffecter immédiatement au moins 1 % supplémentaire du PIB aux soins de santé primaires [...] » en améliorant « [...] les performances fiscales et les recettes intérieures conformément au programme d’action d’Addis-Abeba, afin d’accroître les recettes publiques [...] ».
  • Afin d’éviter toute discrimination dans l’accès aux services de santé publique, il convient de supprimer le paiement des tests et des soins.
  • Il est urgent d’agir de manière coordonnée, non seulement dans nos propres systèmes de santé locaux, mais aussi à l’échelle nationale et internationale. Ce qu’il nous faut à présent, c’est un système de santé solide et solidaire pour toutes et tous ainsi qu’une coordination s’étendant au-delà des frontières de chaque pays, et dont les effets se feraient sentir au niveau national comme au niveau mondial.
  • Il s’agit de veiller à ce que la lutte contre le COVID-19 ne reproduise pas ou ne perpétue pas des normes de genre nuisibles, des pratiques discriminatoires et des inégalités. Il est important de reconnaître que les normes, les rôles et les relations sociales, culturelles et de genre influent sur la vulnérabilité des femmes et des hommes à l’infection, à l’exposition et au traitement.
  • Il est recommandé de mettre en place des mesures spéciales pour les personnes les plus vulnérables, soit les personnes sans-abri, en situation de migration, réfugiées, issues de la communauté rom, incarcérées ainsi que les personnes qui éprouvent des difficultés à accéder aux services de soins de santé primaires – y compris les réfugiés, en particulier celles et ceux qui vivent dans des camps – et les populations déplacées. Les personnes sans papiers ont également besoin de soins : leur accès aux systèmes de santé ne doit pas conduire à un partage de leurs données avec les autorités d’immigration.
  • Les États doivent veiller à ce que toutes les personnes, y compris les plus vulnérables, aient accès à toutes les mesures de santé. Des ressources inégalement réparties pourraient compromettre le contrôle du virus.
  • Il est primordial de reconnaître les besoins spécifiques des pays vulnérables dont les systèmes de santé sont faibles, et de prendre les mesures nécessaires pour alléger les interdictions de voyage et les restrictions de circulation afin de permettre à l’aide internationale d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin.
  • Une attention particulière doit être accordée aux situations de conflit. Les personnes réfugiées et les populations déplacées sont particulièrement vulnérables à la pandémie, surtout lorsqu’elles vivent dans des camps. Il est nécessaire de maintenir les vols humanitaires pour l’acheminement du personnel et du matériel médical afin d’assurer la continuité des programmes existants, mais aussi de garantir la sécurité du personnel sur le terrain.
  • Nous avons besoin de services de santé de qualité, rapides et gratuits pour tous.
  • Il faut impérativement reconnaître le rôle crucial que jouent les travailleuses et les travailleurs de la santé (jusqu’à 80 % des praticiens de la santé sont des femmes) lorsque survient une crise comme celle-ci. Il est urgent de les soutenir, mais aussi de soutenir leurs syndicats et leurs demandes en personnel et en équipements de protection, qui doivent être en nombre suffisant. Les professionnels de la santé doivent être protégés, en particulier dans les situations de conflit ou de crise. Ils ne doivent pas être ciblés, et leur travail ne doit pas être entravé.
  • Nous nous devons d’assurer un accès permanent, culturel, financier et géographique à la santé pour toutes les personnes, et ce, quelle que soit leur situation juridique ou administrative : offrons une véritable couverture maladie universelle.
  • Il s’agit de garantir une gouvernance démocratique de la santé tant au niveau national qu’international. Un système des Nations Unies solide et bien financé, comprenant l’OMS et d’autres agences des Nations Unies concernées, est nécessaire pour assurer une fonction de surveillance et de contrôle.
  • La distribution de médicaments doit servir la population et non les sociétés pharmaceutiques transnationales. Pour ce faire, il est nécessaire de veiller à ce que le développement de nouveaux médicaments ou vaccins ne soit pas soumis au système des brevets ou à ce que son accès ne soit pas restreint.

 


 

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