Médecins du Monde alerte sur les besoins humanitaires de milliers de migrants abandonnés dans le désert à Assamaka (Niger)

[Possibilité d'interviews avec le coordinateur de Médecins du Monde au Niger] 

5000 personnes arrivées à pied à Assamaka

Médecins du Monde, présente dans la région d’Agadez depuis 2014, alerte au sujet des besoins humanitaires criants de milliers de personnes migrantes expulsées d’Algérie et abandonnées dans des conditions extrêmes dans la ville d’Assamaka, en plein désert (région d’Agadez – carrefour migratoire, dans le nord du Niger). En effet, entre janvier et mars 2023, selon l’OIM, 7700 personnes exilées, d’origine subsaharienne (principalement originaires du Niger, Mali, Guinée, Nigéria et Sierra Leone), ont été expulsées d’Algérie et déplacées à la frontière avec le Niger. 5000 personnes sont arrivées à pied à Assamaka et sont actuellement livrées à elles-mêmes, dans des conditions de vie inhumaines.

Face à l’intensification des refoulements et la forte augmentation du nombre de personnes migrantes revenants d’Afrique du Nord à Agadez ces derniers mois, les organisations humanitaires locales et internationales manquent de ressources et de capacités pour apporter une aide vitale à ces personnes vulnérables à Assamaka mais aussi à Arlit et Agadez. 

Une détresse psychologique extrême

« Nos équipes médicales qui apportent des soins de santé dans la zone d’Agadez rencontrent des hommes, femmes et enfants (et notamment des mineur.e.s non-accompagné.e.s), qui ont parfois effectué des kilomètres à pied, dans des conditions extrêmes, sous des températures dépassant les 40 degrés. Ces personnes sont affamées et déshydratées. Elles ont besoin de nourriture, d’eau potable, de soins de santé et d’un accès aux infrastructures sanitaires. Leur détresse psychologique est extrême, elles ont parfois été brutalisées durant le trajet, et ont besoin d’avoir un contact avec leurs proches. La situation humanitaire est terriblement préoccupante », s'alarme Dr Toupou Lancinet, le coordinateur général de Médecins du Monde au Niger.

Médecins du Monde estime qu’il est crucial de mobiliser davantage de moyens financiers, logistiques, et de renforcer encore davantage la coordination entre organisations humanitaires, acteurs de la société civile et institutions publiques, afin de pouvoir venir en aide aux personnes impactées.

REVOIR LES politiques migratoires européennes:

Pour Médecins du Monde, cette crise humanitaire est la conséquence de l’externalisation de la gestion des frontières et des politiques migratoires de l'Union européenne, qui ne cessent de se durcir. Ces politiques migratoires ne respectent pas le droit international, ni les droits fondamentaux de ces personnes exilées.

• Médecins du Monde appelle l’Union européenne à une révision de ses politiques migratoires afin d’assurer la protection des personnes exilées, conformément aux droits humains, au droit international et aux principes humanitaires.
• L’organisation demande également de cesser les arrestation et refoulements des personnes migrantes et demandeuses d’asile de l’Algérie vers le Niger.

Médecins du Monde appelle aussi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à assumer ses responsabilités afin d’assurer la sécurité et la protection des personnes d’origine subsaharienne qui sont bloquées au Niger alors qu’elles ont exprimé leur volonté de rentrer dans leur pays.

Médecins du Monde, qui travaille au Niger depuis 2014, intervient dans la région d’Agadez mais aussi dans les régions de Tahoua, Tillabéri et Niamey. L’organisation accompagne notamment les institutions de santé publique dans la prise en charge médicale et psychosociale des personnes exilées d’Algérie ou issues d’autres pays africains. Médecins du Monde favorise également le respect des droits des personnes migrantes, et notamment leur accès aux soins de santé.

Contact presse: ELISE CARTUYVELS : +32 (0)491535493
 

© Kristof Vadino/Médecins du Monde