URGENCE À GAZA

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Au chevet des grévistes de la faim: Yannis Boumazouzi, étudiant en médecine

Aujourd’hui c’est le 45e jour que plus de 400 personnes sans-papiers, dont une centaine de femmes, sont en grève de la faim à Bruxelles : 44 jours consécutifs sans manger!

"J’observe les corps qui s’amaigrissent, les cernes qui s’approfondissent, les joues qui se creusent et les esprits qui s’effondrent. Je redoute chaque déclaration du gouvernement qui entraînera irrémédiablement une augmentation du désespoir de ces grévistes, si rien de positif n’est dit."

"C’est vrai, on constate aujourd’hui un élan de solidarité de personnels, soignants ou non, apportant leur aide comme ils le peuvent : ils et elles prennent les paramètres des grévistes, apportent du matériel médical, témoignent leur soutien, prennent des rendez-vous médicaux… C’est positif.

Mais l’évolution du bilan médical est terrible : j’observe les corps qui s’amaigrissent, les cernes qui s’approfondissent, les joues qui se creusent et les esprits qui s’effondrent. Je redoute chaque déclaration du gouvernement qui entraînera irrémédiablement une augmentation du désespoir de ces grévistes, si rien de positif n’est dit.

Chaque tentative de suicide sur ce site a fait suite à une déclaration du secrétaire d’état, qui reste inflexible. La fatigue des grévistes qui s’accumule; celle des soignants bénévoles qui passent après leurs journées de travail, l’exaspération des services d’urgence lorsque l’on demande une énième ambulance sur le site; la colère des grévistes qui ne sont même plus pris en charge médicalement de manière correcte dans certains hôpitaux. C’est tout cela qu’on vit sur les 3 sites où ils et elles se trouvent.

Or, nous refusons de laisser mourir ces personnes qui sacrifient leurs corps pour des papiers et s’automutilent pour avoir le droit de rester en Belgique.

Combien de temps peut-on tenir sans manger ?

Lorsque j’ai mis la première fois les pieds là-bas, au jour 6, j’étais le premier à avoir une formation dans la santé à passer les voir dans ce lieux : 130 personnes, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, des diabétiques, des dépressifs, des maigres, des obèses, tous différent.e.s, mais tous et toutes sans-papiers. La plupart avaient arrêté de prendre leurs médicaments, par peur d’endommager leurs estomacs : mon premier passage, qui devait durer 1 heure, dura en réalité plus de 4h. De lit en lit, j’ai répété les mêmes consignes : bien s’hydrater, prendre du sucre et un peu de sel, ne pas se lever trop vite, ne pas prendre d’ibuprofène, ne pas arrêter les traitements… Mais aussi, conseiller à certaines personnes, notamment diabétiques, de renoncer à leur action.

Je me suis aussi efforcé de répondre à toutes leurs questions : que se passe-t-il dans son corps après une semaine ? 15 jours? 30 jours ? Combien de temps peut-on survivre sans manger? Sans boire?

Je constatais aussi que les toilettes situées à l’extérieur, après une volée d’escalier seraient à un certain moment inaccessibles pour des personnes trop affaiblies et qu’un cluster de Covid ou de n’importe quelle autre maladie contagieuse pourrait avoir raison de leur immunité diminuée.

Outre les conseils qui me semblaient presque futiles, je sentais que le plus important était d’être présent, de leur montrer que des personnes s’intéressaient à eux et à leur lutte et les soutenaient. Je les ai entendu.e.s à plusieurs reprises dire qu’ils et elles n’avaient rien à perdre et  iraient jusqu’au bout : « les papiers ou la mort ». J’espérais que l’on évite ces extrémités-là, et que la grève ne dure pas longtemps.

Se soigner, c’est un jour sans manger.

Il y a 45 jours, sur le plan médical, la santé d’un certain nombre d’entre eux et elles m’apparaissait déjà inquiétante, avec des antécédents connus mais non traités, faute d’argent et d’AMU (aide médicale urgente) en ordre. Par exemple, cette femme que j’ai examinée. J’estimais qu’elle devait avoir des examens complémentaires. Elle m’a expliqué qu’elle est au courant mais qu’elle n’a jamais eu le temps de les faire : prendre une journée pour les faire, cela veut dire un jour de paye en moins et donc un jour ou plus sans manger. Elle espérait donc que lorsqu’elle serait emmenée à l’hôpital suite à la grève, ils feraient les examens nécessaires."

 


 

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