URGENCE À GAZA

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"Et pourtant, nous aspirons à la vie." Des nouvelles de Nour, notre psychologue à Gaza

Gaza, Palestine. 20 février 2024.

J’écris ces lignes au 135ème jour. 135 jours à subir les déplacements, la perte, l’injustice, la terreur, la famine, le froid, l’absence de domicile, le deuil et la stupéfaction d’être toujours en vie.

Chaque jour, mon cœur se serre douloureusement lorsque je marche au milieu d’une infinité de tentes qui abritent des milliers de personnes déplacées. Des personnes qui n’ont pas accès à une alimentation adéquate, à de l’eau potable, à la chaleur, la sécurité, les soins, à des conditions d’hygiène décentes, à des toilettes propres, des vêtements et des lits confortables. J’avance et je ne souhaite rien d’autre que de voir ces tentes disparaitre. Ou bien être frappée d’amnésie pour peut-être effacer ces scènes douloureuses de mon esprit.

Cette réalité que nous vivons est assez difficile à imaginer. Malgré nous, il a fallu apprendre à survivre dans des conditions inhumaines. Nous avons dû nous loger dans des endroits insalubres et manger insuffisamment. Cette situation n’a rien de normal.

Le temps passe étrangement, chaque jour apportant son lot supplémentaire d’agonie. Nous traversons la vie comme des automates, des coquilles vides. Nos esprits ne peuvent toujours pas croire que la vie telle qu’elle était, nos maisons, nos rues et nos souvenirs se sont complètement volatilisés. Nous nous accrochons encore à l’espoir de retrouver cette ville qui nous est si chère.

Je me demande si c’est aussi ce que nos grands-pères ont ressenti lorsqu’ils ont quitté leurs maisons en 1948. Cette pensée me terrorise : et si, comme eux, nous ne revenions jamais ?

Je rencontre des enfants qui ont survécu à des événements traumatisants, qui ont vu leurs parents mourir, et qui sont restés à leurs côtés pendant des heures, des jours tandis qu’ils survivaient à un siège. 

Dans le cadre de mon travail, aux permanences médicales de Médecins du Monde France, je rencontre des enfants qui ont survécu à des événements traumatisants, qui ont vu leurs parents mourir, et qui sont restés à leurs côtés pendant des heures, des jours tandis qu’ils survivaient à un siège. Mon ami qui est toujours dans le nord de Gaza me raconte les personnes affamées qui en sont réduites à essayer de se nourrir de feuilles d’arbre et d’aliments pour animaux.

Autour de moi, presque tout le monde décrit un état d’hébétude, une dissociation de la réalité, l’impossibilité d’assimiler la perte de nos amis proches et de nos collègues. Nous avons tous l’impression que nos cerveaux sont sur le point d’exploser lorsque nous essayons de comprendre ce qu’il nous est arrivé.

Comment pouvons-nous surmonter un tel traumatisme ? Parviendrons-nous à guérir et à vivre normalement ?

Alors que le bilan s’élève à plus de 28 000 décès et presque 7 800 personnes disparues, tandis que le reste de la population a été déplacée à plusieurs reprises, emportant avec nous notre douleur, nos chagrins et nos rêves brisés, retranchés à Rafah, dernière zone géographique, voilà la question qui résonne en chacun de nous : où allons-nous aller ? Il n’y a nulle part ! Serons-nous encore déplacé.es ? Est-ce que la mort cessera un jour ?

Et pourtant, au milieu de tout cela, nous nous accrochons à la moindre nouvelle porteuse d’un espoir de paix et de sécurité. Nous aspirons à la vie.

 

Nour

 


 

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