URGENCE À GAZA

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Haïti : quand la peur empêche d'aller chez le médecin

  • La situation d'insécurité a atteint des niveaux si alarmants à Port-au-Prince, la capitale, que les personnes ayant besoin de soins médicaux refusent de quitter leur domicile pour les obtenir par peur d'être agressées.
  • Le manque d'approvisionnement en oxygène dû aux barrages routiers rend impossible le traitement des maladies respiratoires, comme celles dérivées du covid-19, dans un pays où aucun vaccin n'a été injecté
  • C'est l'une des crises humanitaires oubliées les plus sanglantes au monde, face au scandaleux manque de réaction internationale

« Comment veux-tu que je quitte ma maison ? Chaque jour, vous entendez des coups de feu, les gangs s'affrontent et vous découvrez que telle ou telle personne a été tuée. Je ne peux tout simplement pas risquer ma vie ou celle de mes enfants pour aller à l'hôpital en ce moment. » Erlande Jacques, une femme haïtienne qui fréquente les projets Médecins du Monde à Cité Soleil (district de Boston) raconte ce cru.

Depuis le 1er juin, la situation déjà précaire dans les centres de santé s'est de plus en plus dégradée. Depuis cette date, dans l'aire métropolitaine de la capitale, plus précisément les quartiers de Martissant, Cité Soleil, Bel Air et Delmas 2, l'affrontement entre armées gangs a été intense. En conséquence, on estime que plus de 1 000 personnes se sont déplacées pour chercher refuge, s'installant dans des parcs, des places et des centres sportifs.

Les patients n'arrivent pas et le personnel de santé désespère. S'ils ne peuvent parfois pas se rendre eux-mêmes sur leur lieu de travail, leur principal souci est de revenir sur le peu de progrès qu'ils ont accompli : « La situation actuelle est insupportable ! Les femmes enceintes refusent d'aller à l'hôpital pour les suivis indispensables car elles craignent les violences actuelles dans les rues. C'est comme perdre ce qu'on a construit ces dernières années en l'espace de quelques mois », s'exclame Jacqueline Delmita Joseph, matrone de Cité Soleil (quartier Truitier).

L'insécurité généralisée imprègne tout. La libre circulation est devenue un défi quotidien pour la population résidente dans les quartiers de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince et des régions avoisinantes. Affrontements entre groupes armés, fusillades, incendies de maisons, pillages de magasins, blocages de la circulation... Une bonne partie de ceux qui parviennent à rejoindre les hôpitaux le font désormais avec des blessures causées dans ces conflits. En effet, selon les données de Médecins Sans Frontières (MSF), dans l'un de ses hôpitaux de la capitale, Tabarre, depuis novembre 2019, 65% des patients soignés ont été victimes de ces violences urbaines. Le chaos a également conduit à une augmentation des cas de violence contre les femmes et les filles.

« D'une certaine manière, c'est un pays qui n'existe pas », conclut Mª José Venceslá, coordinatrice de Médecins du Monde Espagne en Haïti, à l'inaction tant du Gouvernement que des instances internationales malgré la situation critique que vit la population.

 

Ambulances et fournitures médicales bloquées

Les différents mouvements populaires de protestation contre le régime politique actuel utilisent souvent des stratégies qui ne facilitent pas la mobilité d'un point à un autre de la ville. Cela force un changement dans la planification et les interventions des agences impliquées dans la prestation des services de santé. Les rues sont bloquées par des barricades de pneus, de câbles ou même de murs en feu, ce qui rend difficile le passage des ambulances, du personnel médical, des patients et de l'approvisionnement en carburant et en fournitures médicales.

Par exemple, à l'hôpital adventiste d'Haïti, ils ont cessé de traiter les urgences respiratoires le 7 juin parce qu'ils n'avaient pas reçu l'oxygène dont ils avaient besoin en raison des barrages routiers. La veille, l'hôpital St Luc avait lancé un appel public à demander également de l'oxygène, un bien de base pour lutter contre certains des principaux maux liés au covid-19, dans un pays qui n'a pas dispensé un seul vaccin.

« La situation d'insécurité actuelle signifie que nous devons périodiquement nous cacher pour éviter les tirs. Notre quartier est terrifié. Personnellement, je ne peux pas faire mon travail comme je le devrais car il est difficile de se déplacer dans la communauté. Cette situation a des conséquences terribles pour le suivi des enfants malnutris, des femmes enceintes et des familles en situation de santé vulnérable », explique Brutus Jean, agent de santé à l'hôpital Fontaine de Cité Soleil.

 

Contexte de la crise et pétitions aux gouvernements

A cette occasion, les causes de la situation - et ses graves conséquences pour la santé des Haïtiens - ne sont pas seulement liées à la pénurie permanente de ressources humaines et financières dans le pays, mais aussi aux conséquences les plus palpables de la crise sociale et politique le pays est confronté depuis une décennie.

Au cours des près de deux semaines qui se sont écoulées depuis la détérioration de la situation dans la capitale, le Gouvernement et la communauté internationale sont silencieux sur la situation. Personne n'a condamné les événements violents et le gouvernement n'est intervenu d'aucune façon. La population est méfiante et tendue en raison de l'inaction des pouvoirs publics. Médecins du Monde exige une réaction urgente tant de l'exécutif haïtien que du reste de la communauté internationale, dont l'UE.

 

Médecins du Monde en Haïti

En Haïti, quatre délégations de l'ONG humanitaire médicale (Espagne, Suisse, Canada et Argentine) travaillent ensemble pour renforcer les services de santé sexuelle et reproductive, de santé maternelle et néonatale dans différents départements du pays, y compris les zones rurales.

 

Photo : MdM Canada

 


 

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