Ukraine : Déférence aux chauffeur.euse.s qui risquent leur vie pour distribuer des médicaments dans les régions les plus touchées

Bashar, avant de venir en Ukraine, tu travaillais pour Médecins du Monde en Syrie. As-tu pu t’appuyer sur cette expérience pour ta mission en Ukraine, en particulier après que la guerre a éclaté ?

« Mon expérience en Syrie m’a en effet appris à gérer des situations dangereuses. Lorsque la situation s’est aggravée en Ukraine, je n’ai donc pas paniqué. Mes missions précédentes m’ont permis de garder mon calme et cela m’a énormément aidé lorsqu’il a fallu évacuer l’est de l’Ukraine pour fuir les dangers de la guerre. »

Peux-tu nous parler des défis que tu as rencontrés pendant cette évacuation ?

« Les files aux stations-services qui avaient encore de l’essence étaient interminables, et on ne pouvait prendre que 20 litres à la fois. En Syrie, j’avais appris à avoir toujours un réservoir plein lorsque la situation devenait critique. Nous devions en effet faire de nombreux détours pour éviter les tirs et autres attaques aériennes. À un moment donné, le carburant est devenu très rare. Un jour, des avions de chasse ont volé juste au-dessus de nos têtes, ce fut mon moment le plus stressant en Syrie. Nous voyions la fumée noire émanant des endroits qui avaient été touchés. »

Les hôpitaux ukrainiens sont face à des pénuries. Ton rôle consiste à veiller à ce qu’ils reçoivent des médicaments et du matériel qui leur permettront de sauver des vies. À quels obstacles es-tu confronté dans ce contexte ?

« De nombreux hôpitaux ne reçoivent pas ce qu’ils ont commandé, même s’ils ont déjà payé. Lorsque la chaîne de livraison est brisée, rien ne parvient aux hôpitaux. Il peut arriver que des camions soient touchés par des attaques, que le carburant vienne à manquer, que la destruction de certaines routes impose un détour, ou bien encore qu’il n’existe qu’une route praticable, qui se retrouve saturée. Sans oublier que de nombreux.ses chauffeur.euse.s ont aussi préféré fuir ou n’osent pas se rendre dans certaines régions du pays. »

Mais alors, comment fais-tu pour approvisionner quand même les hôpitaux ?

« Nous disposons ici d’un vaste réseau composé de livreurs privés et d’organisations issues des communautés locales. Par exemple, nous avons aidé un hôpital à faire venir des appareils de dialyse depuis Kiev. Ces précieuses machines avaient déjà été payées par l’hôpital, mais l’entreprise de transport s’était désistée. Par l’intermédiaire de notre réseau, nous avons trouvé une personne qui a accepté de transporter ces marchandises. »

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