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Maroc : Repérer les signes de détresse après le séisme

Entretien avec Fairouz Idbihi, spécialiste santé mentale et soutien psycho-social. Consultante pour Médecins du Monde dans la région de Marrakech, la zone qui a fait le plus de victimes. Elle livre ses observations sur l’importance de la santé mentale des rescapé.es.

Quels symptômes de traumatismes psychologiques constatez-vous suite au séisme du 9 septembre ?

A ce stade, nous ne pouvons pas parler de symptômes au sens du diagnostic. En revanche on observe des signes de détresse psychologique importante. Cette détresse, si elle n’est pas prise en charge et soutenue, risque d’évoluer vers des pathologies plus complexes et plus durables.

D'où l'importance d’agir tout de suite pour prendre en charge cette détresse mais aussi pour prévenir la suite ! Nous pensons d’ailleurs que face à l'ampleur de l'événement, et malgré la grande mobilisation et soutien sous toutes ses formes, le besoin de prise en charge en santé mentale se fera d’autant plus ressentir dans les semaines et mois à venir. Il est important de rappeler que les traumatismes psychologiques touchent les victimes directes tout comme les victimes indirectes, c'est-à-dire qui ont été témoins des événements (personnel soignants, secouristes, pompiers, intervenant.es sociaux.ales, citoyen.nes mobilisé.es ...).

 

Pourquoi est-ce important de prendre en charge les personnes qui souffrent de traumatismes psychologiques ?

Chaque personne réagit différemment dans une situation d’urgence et face à un événement potentiellement traumatique. Et nous sommes face à un événement extrêmement ‘traumatogène’ car c'est un événement imprévisible et extrêmement menaçant. Surtout, il s’agit d’un événement sur lequel nous n’avons pas eu, et nous n’avons pas, de contrôle.

Pour la majorité des victimes, il est difficile de donner du sens à cet événement, se l’expliquer, le comprendre, de retrouver une sensation de maîtrise de sa propre vie… La détresse psychologique face au trauma vient d’abord de là.

Il est important de suivre et surveiller l’évolution des situations car certains signes de détresse peuvent passer inaperçus ou encore apparaître plus tardivement que d’autres.

Est-ce que toutes les victimes ont besoin d’une aide psychologique ?

Toutes les personnes n’ont pas forcément besoin d’une aide psychologique spécifique, du moins pas spécialisée. Chaque personne réagit différemment aux événements. En revanche, il est important de suivre et surveiller l’évolution des situations car certains signes de détresse peuvent passer inaperçus ou encore apparaître plus tardivement que d’autres.

A ce propos, les aides communautaires et la solidarité des proches sont importantes car elles aident à contenir la détresse et soutenir les personnes, mais aussi à en repérer les signes.

Le rôle des spécialistes de santé mentale vise à outiller pour repérer les signes de détresse pour mieux identifier les personnes ayant des besoins de prise en charge.

 

Comment peut-on évaluer les besoins psychologiques et les prioriser ?

Dans la même logique que les premiers secours physiques, les premiers secours psychologiques servent à apaiser et contenir une situation de détresse, mais aussi et surtout à évaluer les besoins de la personne, pour éventuellement orienter la personne vers une prise en charge plus spécifique.

 

Le soutien psychologique est-il différent pour un.e adulte ou pour un.e enfant ?

Les signes de détresse peuvent s’exprimer différemment chez les enfants, en particulier chez les plus jeunes. Les premiers secours psychologiques pour les enfants suivent la même logique que pour les plus grands. Cela dit, la communication doit bien sûr être adaptée avec des techniques d'écoute et de communication spécifiques.

D’après les témoignages que j’ai recueillis, il semble que la majorité des enfants n’a pas eu l’occasion d’avoir une explication de ce qu’il se passe ! Il est évidemment difficile de donner un sens à cette catastrophe, mais il est très important de donner des explications aux enfants ! 

Comment fonctionne un séisme ?, Pourquoi y a t-il des répliques ?. Les réponses à ces questions doivent leur permettre de ‘mentaliser’ cet événement. Il faut aussi leur expliquer les réactions émotionnelles des adultes mais aussi leur propres réactions… Tout ça dans un langage adapté à leur âge bien évidemment !

 

En général, quels sont les besoins (médicaux ou autres) les plus urgents sur le terrain ?

Les besoins médicaux les plus urgents ont été pris en charge par les équipes médicales marocaines qui ont déployé des équipes et des moyens logistiques importants pour transporter et prendre en charge les blessé.es.

Néanmoins, beaucoup de personnes ayant des blessures et plaies légères, ne prennent pas la peine de consulter, de demander des premiers soins ou de suivre l’évolution des soins. D’une part par empathie pour le personnel de première ligne : beaucoup pensent que le personnel soignant doit gérer des situations plus graves que la sienne et se disent que “ça peut attendre”.

L’autre raison c’est la difficulté d’accès à l’information dans un tel contexte de crise. C’est le cas aussi des personnes souffrant de pathologies chroniques, le risque étant que cet événement impacte le suivi et l’observance de ces patient.es. Au-delà de la prise en charge médicale directe, la nécessité est de continuer à faciliter l’accès à la santé et à la santé mentale des personnes victimes, directes ou indirectes.

 


 

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