Croatie
Bosnie-Herzégovine
Personnes migrantes ou déplacées

"Les personnes sont poussées nues dans la rivière et battues pendant que la police mettait le feu à leurs affaires" : une violence extrême à la frontière croato-bosniaque quotidienne pour les réfugié.es

« En vue des élections européennes, nous nous concentrons sur ce qui se passe à la frontière croato-bosniaque. Là-bas, les personnes réfugiées et les migrantes sont quotidiennement battues, humiliées et traitées comme du gibier sous prétexte d'une politique 'ferme'. »

Le nouveau pacte migratoire promet de garder ce cap affligeant : empêcher le plus grand nombre d’entrer en Europe, tout en affichant le moins d'humanité possible.

Après cinq ans à fournir des soins de santé mentale et de soutien psychosocial aux personnes réfugiées à Sarajevo et au nord-est de la Bosnie dans la zone frontière avec la Croatie, Médecins du Monde dresse un sombre bilan : « Sous couvert d'une politique frontalière sécuritaire, l'Europe ferme les yeux sur les enfants, les femmes et les hommes traumatisé.es à vie.  Et avec le nouveau pacte migratoire, la situation risque de se détériorer encore davantage. » 

Entre 2019 et février 2024, Médecins du Monde a fourni des soins de santé mentale aux personnes réfugiées et migrantes qui séjournent temporairement dans des camps à Sarajevo et au nord-est du pays dans la zone frontière avec la Croatie, et avant de se rendre pour la plupart en Europe via la Croatie. 

A ce poste-frontière entre la Bosnie et la Croatie, les valeurs morales  des droits humainssont bafouées depuis de nombreuses années: « Des hommes, enfants et des femmes sont déshabillé.es et poussé.es dans l'eau glacée, sont battu.es, leurs vêtements et biens sont volés et brûlés. Des femmes enceintes sont violentées. »

Chaque jour, nos psychologues ont traité des personnes à l'intérieur et hors des camps de réfugié.es en Bosnie, ayant vécu des refoulements traumatisants. Les chiffres indiquent que ces refoulements sont généralisés :  environ 25.000 refoulements violents ont eu lieu à la frontière entre la Bosnie et la Croatie entre 2020 et 2023.  Dans 90 % des cas, il s'agit de violences telles que des coups de bâton, des menaces avec des armes à feu, des tirs avec des balles en caoutchouc, des coups de poing, l'exposition au froid et à l'eau, des fouilles à nu ou la confiscation ou la destruction d'effets personnels.  

 

Traumatisme sur traumatisme

65 % des personnes réfugiées en Bosnie viennent de Syrie, d'Iran ou d'Afghanistan : « Ce sont donc des gens qui ont fui des régimes violents.  « La violence qu'ils subissent ici s'ajoute aux souffrances psychologiques qu'ils ont déjà subies dans leur pays d'origine et sur le chemin de l’exil. » 

La combinaison de ces multiples traumatismes, des mauvaises conditions de vie et de l'insécurité laisse de lourdes cicatrices, selon les chiffres de Médecins du Monde : « Ces 4 dernières années, plus de 32.000 personnes ont fréquenté nos projets de santé mentale en Bosnie.  Les troubles anxieux (32 %), les symptômes dépressifs (21 %) et les troubles graves du sommeil (20 %) étaient les plus courants. 7 % des personnes ont déclaré qu'elles étaient aux prises avec des pensées suicidaires ou une consommation (excessive) de médicaments ou de drogues.

 

Le nouveau pacte migratoire : une nouvelle gifle pour les réfugié.es

Malgré les innombrables rapports sur les violations des droits humains, l'Europe continue non seulement à structurellement détourner le regard de cette souffrance humaine, mais va même plus loin : « Le nouveau pacte migratoire qui a été approuvé en décembre de l'année dernière se concentre encore plus sur les drones, les barbelés, les patrouilles frontalières et les centres de détention.  Dans le même temps, il y a trop peu de garanties en matière de surveillance et de protection des droits humains. » 

Au bout de cinq ans, Médecins du Monde quitte la Bosnie faute de financement suffisants pour maintenir des services de santé mentale et de soutien psychosocial de qualité adaptés aux besoins spécifiques des personnes en situation de migration. L'organisation continuera d'opérer dans les autres points migratoires européens stratégiques : en Croatie, en Grèce, en France, en Italie, en Espagne et en Angleterre. 

 

©Olivier Papegnies

 


 

Médecins du Monde est membre du Consortium 12-12, CNCD, RE et Donorinfo.

Contactez-nous

Médecins du Monde

Faites un don : BE26 0000 0000 2929


Rue Botanique 75, 1210 Bruxelles
Tél : +32 (0) 2 225 43 00
info@medecinsdumonde.be

TVA: BE 0460.162.753